CHRONIQUE D’UN CONFINEMENT (JOUR 6/ dimanche 22 mars)

 

Cosa sara … ? 

 

L’Italie (60,5 millions d’habitants) vient de dépasser la Chine (1,4 milliard d’habitants) pour le nombre de décès causés par le COVID-19. Triste record pour un pays voisin, frère d’Europe et où beaucoup d’entre nous – j’en suis- comptent encore des parents.

L’Italie est confinée. Plus de voyage possible de l’autre coté des Alpes. De ces voyages qui nous apportent tant de richesses culturelles, gastronomiques ou tout simplement humaines. Le pays des évasions à portée s’est transformé en terre d’emmurement.

Il faut attendre. Et se nourrir intérieurement de ce voyage en Italie qui a joué et joue encore comme une matrice littéraire, une source d’inspiration et de création pour tant de poètes et d’écrivains, à l’image de Goethe ou de Stendhal, pour ne citer que les principaux. En voici quelques exemples dans le champ de la pensée.

Homère : C’est l’Italie du sud, avec ses îles et ses rivages qui sert de décor à la plupart des chants de l’Odyssée. Au fil des tempêtes des épreuves, des rencontres de monstres impitoyables et d’expériences extraordinaires, Ulysse s’initie dans la douleur et la solitude à la condition humaine.

Montaigne : Il s’est promené en Italie pour soigner sa gravelle, mais aussi les « monstres » de sa mélancolie après des années de rédaction des Essais dans le confinement de sa librairie, Montaigne y séjourne un an et demi. L’occasion pour lui de « limer sa cervelle contre celle d’autrui », pour s’ouvrir à la diversité humaine et à l’étrangeté d’être soi.

Freud : Le fondateur de la psychanalyse était fou amoureux de l’Italie. Entre 1870 et 1923, il s’y est rendu une vingtaine de fois. A Trieste, Orvieto, Venise, Florence, Naples, et, bien entendu, à Rome qui occupe la place majeure dans cette série. A chaque retour, ses théories s’enrichissent et s’étendent nourries par ces escapades thérapeutiques.

Sartre : C’est moins connu, et surprenant, pour un penseur qu’on imagine plus facilement dans une cave enfumée de Saint-Germain ou à l’entrée d’une usine, mais Sartre était un inconditionnel de Venise où il a écrit un texte magnifique qui va à l’encontre de tous ses romans et essais existentialistes. Une ville où il pouvait être ce qu’il n’était pas…

La compagnie des penseurs doit donc beaucoup à l’Italie. Cette dette valait bien ma modeste chronique  dédiée à mes cousins de Carrare. Nous reviendrons en Italie ! Ci vediamo presto !

 

Stendhal : « Passion italienne : c’est-à-dire la passion qui cherche à se satisfaire, et non pas à donner au voisin une idée magnifique de notre individu ».

Freud : « Notre cœur tend vers le Sud. »

Lucio Dalla : « Il se sentait seul comme un oiseau en vol qui s’arrête et regarde en bas. »